Acidification du sol
 

En soi, l’acidification des sols est un processus naturel. Toutefois en forêt, l’apport de composés azotés de concert avec les composés soufrés l’accélère nettement. Il faut cependant souligner qu’en Suisse ces derniers ne composent plus que 30% des apports acidifiants. Les modèles numériques attestent la part prépondérante des apports externes dans l’acidification des sols qui, à leur tour, induisent un problème de santé majeur à nos forêts. Ils entraînent un appauvrissement des éléments disponibles à la plante comme p.e. le calcium, la potasse et la magnésie qui représentent les cations basiques du sol. Ensemble avec le sodium, ces cations forment la saturation basique du sol. Une saturation de 40% doit être considérée comme basse ; à 15%, elle atteint un niveau critique et très critique à 5%. Or, la gestion durable d’une forêt feuillue présuppose une saturation de 50%, les résineux ne se contentant que de 40%. Nous observons que sur les 124 surfaces d’observation permanentes en forêt, 13% affichent une saturation de bases critique et 20% une saturation basse.
 

 
Collecte d’eau dans le sol pour l’analyse
 
 
La proportion entre cations basiques (CB) et l’aluminium dans la solution aqueuse du sol représente une mesure de l’acidification. Entre 1997 et 2004, elle a diminué de façon statistiquement assurée dans au moins une strate du sol. Dans les 6 exemples exposés, 5 montrent une péjoration. La ligne traitillée présente la valeur limite qu’il ne faudrait pas franchir (critical limit).

L’acidification des sols libère des quantités croissantes d’aluminium (Al) qui est toxique pour les plantes. La perte de cations basiques et l’augmentation correspondante de ions d’aluminium altèrent la proportion de cations basiques à aluminium (CB/Al). Le seuil critique est atteint quand cette proportion tombe au-dessous de 1. Entre 1997 et 2003, la proportion CB/Al s’est détériorée dans 15 des 18 surfaces observées. Les valeurs critiques ont été dépassées périodiquement. On peut démontrer par des expériences que la proportion CB/Al se détériore d’autant plus vite que l’apport en azote augmente.


   
Une expérience au Zugerberg révèle l’importance de l’azote dans l’acidification du sol. Ici, la proportion entre les cations basiques et l’aluminium s’est réduite d’autant plus vite que l’on introduisait du nitrate d’ammonium. Les dépositions atmosphériques s’élèvent à 20 kg d’azote par hectare à cet emplacement.
L’acidification du sol influence aussi négativement le système radiculaire et la survie des lombrics.