Charge en substances azotées
 

Mis à part la concentration en ozone, les apports de substances azotées représentent une charge importante pour les forêts. L’apport de substances azotées atmosphériques a triplé en forêt depuis les années cinquante et totalise actuellement 30 kg par hectare et par an en moyenne. Or, les forêts ne supportent pas plus de 10-20 kg de N par hectare et par an sans effets négatifs.  Les deux tiers des apports en azote proviennent de l’agriculture. 

L'institute de Biologie Végétale Appliquée coopère dans les groupes de travail du CEE-ONU. En automne 2002 un workshop avait lieu à Berne pour l'appréciation des charges critiques. L'IAP aidait à préparer un document de base pour cette occasion.
 
L’apport d’azote dans les forêts suisses a fortement augmenté dès les années 50. En vert : azote du type NH3  (ammoniac) provenant de l’agriculture, en rouge : NOx provenant du trafic
L'apport d'azote est supérieur à la valeur critique (10 à 20 kilos par hectare et par an) dans 78% des 124 placettes d’observation (voir aussi la carte des polluants sur le site Internet de l'OFEFP et les mesures des dépôts sur les placettes LWF).
Le lessivage des nitrates dans la nappe phréatique qui, selon l’ONU/CEE, ne devrait pas dépasser 4 à 5 kilos par hectare et par an (kg N ha-1 a-1) à basse altitude et 1 à 2 kilos en montagne. Ce montant sert d’indicateur pour mesurer la saturation en azote d’un écosystème. Sur le Plateau, on a mesuré dans l’eau de ruissellement une charge en azote de 11 à 33 kg, dans les Préalpes entre 7 et 25 kg et dans le sud du Tessin une pointe de 54 kg d’azote par hectare et par an.
 
Taux de lessivage des nitrates dans 16 placettes d'observation (moyenne des années 1998-2003).
L’apport accru d’azote en forêt se manifeste également dans la concentration des éléments nutritifs dans les aiguilles et les feuilles. Ainsi la proportion entre l’azote et le phosphore augmente-t-elle sans discontinuer depuis le début des observations. On atteint maintenant un état clairement déséquilibré qui s’explique d’une part par une offre accrue d’azote, mais surtout par une proportion régressive de phosphore dans les feuilles.

Des essais de fumure azotée dans des reboisements de hêtre ont provoqué un décalage des teneurs en éléments nutritifs dans le feuillage. A gauche le phosphore, à droite le magnésium.

L’azote favorise la croissance des arbres, mais ce sont les parties aériennes qui profitent plus que le système radiculaire. Les racines sont clairement défavorisées par rapport aux pousses aériennes. 
Un excès d’azote rend les hêtres et les épicéas plus sensibles à des ravageurs cryptogamiques ainsi qu’à des insectes suceurs. Les déséquilibres induits par la surabondance d’azote jouent probablement un rôle déterminant dans ce contexte.
 
Un essai de fertilisation à l’azote laisse apparaître une forte augmentation de rameaux morts en fonction de la dose introduite. Ce symptôme provient du champignon Apiognomonia errabunda. Une fumure en azote de 10 kg/ha,an sur 4 ans qui s’ajoute a l’apport atmosphérique spontané de 20 kgN/ha provoque une augmentation statistiquement assurée des branches mortes.
La symbiose que nos arbres déploient avec les champignons mycorhiziens souffre également d’un excès d’azote et d’ozone. Ceci entraîne à son tour de graves conséquences sur leur approvisionnement en eau et peut accroître leur sensibilité aux attaques de champignons de pourriture des racines.